Milan, Italie. Luigi Lupinelli est un poids lourd dans le domaine du parfum et Anna Maria travaille dans la mode. Bref, deux grosses pointures de l'industrie devaient se rencontrer. Et se marier. Faire un enfant. Un seul car elle n'en voulait pas plus. A la base, elle n'en voulait pas du tout même. Dans la mode, un bébé n'était pas bien vu. Mais à la vue de la petite merveille qu'elle venait de mettre au monde, sa belle Sara.
La belle enfant eut tout ce qu'elle voulait. Ca avait du bon d'être traitée en véritable princesse. Des belles robes, des barbies comme s'il en pleuvait, des chapeaux, des chaussures, des sorties ... Sara était née avec une petite cuillère en argent dans sa bouche. Ses parents, elle les voyait peu. Son père ne rentrait pas pendant plusieurs jours car il partait en séminaire ou en représentation dans d'autres pays. Sa mère n'était pas franchement maternelle mais elle s'occupait parfois d'elle, adorait l'habiller quand elles sortaient. Mais Sara voyait davantage ses nounous, oui "ses" car elle en avait deux. Il fallait assez pour gérer cette petite boule d'énergie en culotte courte qui ne supportait pas d'attendre la moindre chose. Elle avait faim ? Il fallait satisfaire l'estomac de mademoiselle. Elle voulait la nouvelle barbie avec sa robe de princesse ? Vite courir jusqu'au magasin de jouets ! Personne n'osait la contredire. Et lorsque son père rentrait, elle courait jusque dans ses bras pour s'y blottir.
"Papa !!""Oh ma princesse ! Je t'aime tellement."•• La dolce vita •• L'Italie en été quand on a 17 ans, c'est la vie parfaite. Danser dans les rues, rire avec ses copines, faire les magasins pour dépenser l'argent de papa et sourire aux garçons. Que demander de plus ? C'est là que Sara découvrit les plaisirs charnels. Avec un homme plus âgé, un collègue de son père, Mario. Un quadragénaire aux cheveux gominés, l'allure athlétique et le sourire charmant ... bref, un homme à fantasme. Et Sara l'aimait depuis des années. Enfin aimer, elle le trouvait beau. A 17 ans, elle devenait une femme avec toutes les formes et apprenait à en jouer. Flirter et lancer des sourires à des garçons en Vespa et vouloir aller plus loin.
Et ce soir là, il y avait une réception chez le patron de son père et Mario. Si la mère avait trop la migraine pour sortir, le père Lupinelli emmena sa fille habillée dans une magnifique robe fourreau ivoire que sa mère lui avait prêtée. Si elle ne sortait pas, Sara se devait d'être la plus belle. Cheveux relevés en un chignon soit-disant négligé et une robe la mettant plus qu'en valeur. Elle n'avait cessé de lancer des œillades à Mario et des sourires. Divorcé, il n'avait aucune attache et ça ne l'aurait peut être pas retenu. Lorsqu'elle se rendit sur la terrasse, il la rejoignit.
"A quoi tu joues, petite ?""je ne suis pas petite. J'ai 17 ans.""Ouh ! Quelle vieille tu fais !" se moqua t'il.
Cela ne lui plut guère. Sara détestait qu'on la prenne pour une enfant. Elle fronça les sourcils, prit un air agacé et tourna les talons. Jeune mais déjà du caractère ! Mario la rattrapa et la prit par le bras. Elle ne réfléchit pas et sauta à son cou pour l'embrasser. Brièvement car il la repoussa doucement. Mais elle réitéra jusqu'à ce qu'il cède. Elle l'avait voulu, avait décidé de sa première fois, avec un homme de l'âge de son père. Ils furent amants durant des années, quand elle le décidait. Quand on vous dit qu'elle se prend pour une princesse ...
•• Parigi, ma qué città ! •• Lorsqu'elle fit des études de littérature, Sara avait décidé de faire un semestre en France. Ce pays fut un véritable coup de cœur ! Et elle s'était promis d'y retourner à la fin de ses études. Une fois son diplôme en poche, la belle italienne partit en vacances en France, à Paris encore une fois.
1 semaine.
Puis 2.
Cela se transforma en 1 mois.
Et 2.
Finalement, elle dénicha un petit studio pour commencer et un petit boulot. Avant de décrocher un super job d'assistante dans une grande maison d'édition. A elle de pouvoir lire des manuscrits que son chef n'avait que faire, elle prenait ses rendez-vous, organisait ses voyages ... Bref, une véritable assistante. Cela lui allait pleinement, l'italienne adorait son job et était une véritable acharnée. Un bon job entraîna un déménagement dans le VIIIe arrondissement dans un appartement chouette (merci papa pour l'avoir acheté) et elle pouvait enfin devenir une vraie parisienne.
D'ailleurs, on dit que Paris est la ville de l'amour. Sara n'est pas au bout de ses surprises ... Un jour qu'elle se rendait à un salon du livre. Elle y croisa un jeune homme brun, journaliste critique, plus spécialisé en cinéma mais bossait aussi dans la littérature. Elle venait voir le dernier auteur publié, qu'elle-même avait choisi et présenté à son boss avec grande conviction. Et cet idiot de journaliste n'avait de cesse de critiquer cette œuvre.
"Vous critiquez quelque chose que vous ne connaissez pas.""Vous ne me connaissez pas. Je sais de quoi je parle, ce livre est un nanard !""Un quoi ? ""Apprenez à parler français avant de lire des choses que vous ne comprenez pas !"Autant dire que la rencontre fut tumultueuse ! Le dénommé Jules qu'elle put lire sur son badge était un véritable mufle. Leur histoire aurait pu s'arrêter là mais ils ne cessaient de se rencontrer et de se chercher. Cela aurait pu s'arrêter là mais le garçon était plutôt beau, voire même carrément craquant ! Mais le lui dire, jamais ! Elle avait sa fierté ...