«Écrire c'est une façon de parler sans être interrompu»© Jules Renard Mardi 14 Février 1995 ; 17h54.Cher journal, j'ai sept ans aujourd'hui, Maman m'a offert un journal intime, qui s'avère être toi. Je me suis donc dépêchée de t'écrire dedans. Pour commencer je vais te raconter un peu ma vie avant toi. Je m'appelle Athénaïs Camile Dumont, je suis née à Monaco un 14 Février, enfin ça, c'est Maman qui le dit parce que bizarrement je m'en souviens pas. Maman m'a raconté le jour de ma naissance : elle était couchée dans son lit, le matin, regardant la télé et admirant son GROS ventre rond (et j'étais dedans !). Papa devait partir au travail, il l'embrassa une dernière fois sur le front et l'abandonna. Ma naissance était prévue pour encore deux mois. Mais le destin en décida autrement, Maman alla à la boulangerie, prendre du pain et là, choisissant le pire moment, je décidais de donner mon avis et de sortir enfin du noir pour montrer ma jolie bouille d'ange. Donc évidemment, toute une suite d'ambulance arriva et une heure plus tard ma mère se retrouva dans une salle de la clinique, à souffrir et agoniser, pendant que moi, je prenais tout mon temps. Cruel, Cruel, je sais... Mais maintenant, nous sommes toutes les deux là ! Maman a choisi de m'appeler Athénaïs parce que c'était le prénom d'une grande tante grecque à elle, que je n'ai jamais vu. C'est joli Athénaïs, ça ressemble un peu à Athéna, déesse de la guerre, de la sagesse, des artisans, des artistes et des maîtres d'écoles dans la mythologie grecque. Papa voulait m'appeler Camille. Mais comme souvent c'est maman qui a obtenu ce qu'elle voulait. Mais bon, Camille c'est mon deuxième prénom !
Bon, Maman vient de m'appeler pour manger une bonne grosse part de gâteau au chocolat, j'essaierai de t'en garder une part, mais je ne sais pas si je vais réussir à me retenir. Bisou Bisou !
«I know you've suffered, but I don't want to hide»© Muse - Undisclosed Desires Jeudi 21 Mars 2000; 22h30Cher journal, Hier, on m'a appris que je devais aller voir un psychologue, en fait on m'a surtout fait comprendre que la semaine prochaine j'avais un rendez-vous chez un psychologue et que j'étais obligée de m'y présenter, j'en ai pas envie, pas du tout. Je ne suis pas folle, il y a que les fous qui ont besoin d'un psy, moi je ne suis pas folle, pas folle du tout alors pourquoi j'aurais besoin de consulter un psy, je ne comprends pas du tout. D'après ma très chère tante c'est pour m'aider à surmonter ma peine, la peine que je garde à l'intérieur de moi. Selon elle, une jeune fille devrait pleurer lorsqu'elle perd ses parents. Normal me diras tu ? ! Mais a quoi bon pleurer devant quelqu'un qui est incapable de vous consoler ? Je laisserai couler les larmes lorsqu'elle décidera de me laisser enfin seule. Ne t'en fais pas, j'ai tout de même du mal à contenir ma peine. Nuit & Jour je souffre, parfois en silence. Contrairement à ma tante qui pleure comme si elle avait perdu l'être le plus cher au monde, alors qu'elle ne connaissait rien de la vie de mes parents, absolument rien, hormis peut-être où ils vivaient. La seule personne capable de me consoler c'est Thibault. Heureusement qu'il est là, parce que sans lui, je crois que j'aurais fait bien des bêtises.. Des amis comme lui, c'est tellement rare. Le pire dans tout ça, c'est que je vais devoir quitter la seule personne capable de me comprendre. Ma tante habite à Paris, et pour elle m'éloigner de Monaco semble être la meilleure solution pour éviter que je déprime.
«So give me reason, to prove me wrong, to wash this memory clean»© Linkin Park - New Divide Jeudi 28 Mars 2000 ; 18h28Cher Journal, j'arrive tout juste de chez le psy, je dois encore y aller une fois par semaine. Pendant un moment. Le temps que j'arrive à « extérioriser mes sentiments ». Comme le dit si bien le docteur Johnson. Franchement je préfère encore pleurer devant ce psy que devant ma tante. Au moins lui il arrive à trouver les mots pour m'aider à surmonter ma peine. Il parait que raconter, aide à surmonter. Seulement voilà, raconter ce n'est pas le plus simple. Mais le Dr Johnson a réussi à me convaincre. Alors, je lui ai expliqué, cet avion qui s'est écrasé, avec mes parents qui étaient à l'intérieur, Aucun survivant. J'aurais dû partir avec eux. Rapidement, il en a conclu que je me sentais coupable de ce qui s'était passé. C'était exactement ce que m'avait dit Thibault. Et au fond, tout deux avaient certainement raison. Si je les avais empêchés de partir, ils seraient encore de ce monde.
«Le passé n'est plus, l'avenir n'est pas encore; Il n'y a que le présent qui est l'unique temps réel»© André Comte-Sponville Vendredi 13 Mai 2005 ; 23h47Cher journal, aujourd'hui avec Dr Johnson nous avons parlé de ma manie de ne pas manger pour la première fois, je ne voulais pas en parler. Il croit que j'ai une douleur trop atroce que je ne veux pas surmonter donc je fais souffrir mon corps puisque c'est moins douloureux que la douleur que je ressens à l'intérieur, tu as compris quelque chose ? Moi si et il a tort, si je ne veux pas manger c'est que je n'ai pas toujours faim, je mange au moins deux repas par jour, lui il dit que je suis anorexique, moi je dis que je n'ai pas besoin de manger autant que les autres pour être en forme. Il m'a même dit que c'était peut être la dernière fois qu'on se voyait. ça va faire bizarre de plus venir ici, dans ce cabinet dans lequel j'ai versé tant de larmes. C'est une page qui se tourne. Mais le Dr Johnson m'a bien précisé que je pouvais revenir quand j'en avais envie. Il me prendrait même sans rendez-vous !
«Now it's too late to apologize, it's too late»© One Républic - Apologize Lundi 19 Janvier 2010Cher Journal, aujourd'hui j'ai décidé de retourner voir le Dr Jonhson. C'est la première fois depuis quatre longues années. J'avais vraiment besoin qu'on m'écoute. Et il était sans doute la seule personne capable de le faire. Je me mis comme d'habitude a lui raconter ce qui c'était passé. Tout avait commencé avec ce foutu facteur qui ne savait pas lire ! Mon regard s'était arrêté sur une enveloppe rose qui empestait le parfum pour femme. Elle se démarquait des autres tant par son odeur que par sa couleur. Aussi étonnant que cela puisse paraître cette lettre ne s'adressait pas a moi, mais à mon voisin. Mr Léandre Lancaster. J'avais choisi d'aller la lui remettre en main propre. Après tout il n'habitait qu'a quelques pas de chez moi. . Je descendit donc, traversa la rue et alla sonner chez lui. Après avoir sonné plusieurs fois à la porte, un jeune homme, inconnu et peu vêtu m'ouvrit
« Bonjour je .. je vous dérange ? » ma surprise se voyait a des kilomètres ! Il me répondit d'un ton amusé
« Non, Du tout, entrez, je vais enfiler un jean et je reviens » « Non non, ce n'est pas la peine, je viens juste déposer ceci, le facteur s'est tromper de boîte aux lettres » « Oh, dommage à une autre fois alors. » Qui était ce bel inconnu ? Voilà une question qui me trottait dans la tête, même que je manquais de me faire renverser par une voiture en traversant la route tellement je rêvais. Je n'avais qu'une envie le revoir. même si il fallait bien l'avouer, la carte devait être pour lui. Une semaine plus tard, je le rencontrais dans notre rue.
« Bonjour demoiselle ! J'espère avoir l'occasion un jour de vous recevoir dans une tenue plus classe que celle de la semaine dernière » Je n'aimais pas trop ce ton qu'il employé. Ce n'était pas comme si on était les meilleurs amis du monde.
« Je doute que votre petite amie soit de cet avis » « Quelle petite amie ?» « Celle de la magnifique carte que je vous ai amené la semaine dernière ! » « Cette carte là ? Elle ne m'était pas destinée»« Et Léandre Lancaster c'est ?» « Mon meilleur ami & coloc', maintenant que vous savez tout on peut aller boire un verre ?»C'est ainsi qu'on fit connaissance. Les jours passaient et on ne se quittaient plus. Jamais l'un sans l'autre. Il était plus souvent chez moi que c'est son coloc'. Tout ce passait si bien. Jusqu'au jour où j'ai appris que je n'étais a peu près rien pour lui. Monsieur avait omis de me dire qu'il avait déjà une fiancée. C'était assez dur a avalé comme nouvelle, après plus de sept mois ensemble. Évidemment lui, il se défendait comme il le pouvait me disant que j'étais la seule qu'il aimais. Mais rien a faire. Je ne voulais plus entendre parlé de lui. Plus jamais. J'avais trop mal. Et parler au Dr Jonhson, m'aida a me calmer, il me conseilla de me défouler pour évacuer ma peine ce que je fis. J'ai décidé de me mettre à la boxe !
«I'm the master of my fate; the captain of my soul»© William Henley - Invictus Dimanche 14 Février 2010 ; 10h47Cher journal, nous voilà aujourd'hui à ta dernière page et j'ai décidé de ne jamais te remplacer, c'est pour sa que maintenant je n'écrirais plus ma vie mais je la vivrais. Aujourd'hui en te refermant, j'ai l'impression que c'est une page de ma vie qui se tourne. Ne t'en fais pas, je te garderais toujours près de moi. Au revoir cher journal, l'histoire de ma vie c'est toi!