Il fut un temps où je pouvais sentir le cœur du Monde battre au creux de ma main, ce temps était celui de l’excès, celui de l’ivresse de vivre, celui des grandes illusions. C’était le temps de mes premiers écrits. Aux premiers frissons se mêlèrent alors mes premières envies, sincères, pures, presque brutales par leur véracité. Alors seulement vint la Passion. Ce besoin inconditionnel d’avoir du plaisir, ce farouche désir de l’autre, l’absolue nécessité de sentir sa brûlure sous ma peau.

Yolhàn Andrea Maximillien de Volhanges de Sôme, monsieur vole un ange. Le fils d'une grande et riche famille parisienne, de celles dont le nom ne vous est pas inconnu car il fait parti des plus grandes fortunes de France. Une vie stable, sans embuches, il a tout pour être heureux vous dites ? Il ne l'est pas, heureux justement. La plupart du temps seul, Yolhàn ne voit que trop peu ses parents et cela même durant son enfance. Oui, Yolhàn a grandi seul, ses parents étant obssedés par leurs images, leurs soirées mondaines et leur fric. C'est certainement cela qui hante Yolhàn au fond, l'absence de ses parents. Il est blasé, de tout, de rien. Il n'aime pas le monde dans lequel il vit mais ne fait rien pour en sortir, puisque de toutes façon, il ne peut pas. C'est cela, qui a conduit Yolhàn a devenir ce connard qui couche et jette, qui promet de rappeler mais qui ne le fait jamais, qui ne passe jamais deux fois sur la même. Oui, c'est certainement ça qui a fait qu'il a trouvé son compte dans la coke, dans ce paradis artificiel, dans les soirées trop arrosées, dans une vie désabusée. Pourtant il y a deux ans, Yolhàn a fait une rencontre bouleversa toute sa vie.

Donne-moi tout mon amour, plus encore que ce tu as jamais donné, donne-moi ton être tout entier, je veux me fondre dans ton corps, sentir chaque fois ton souffle sur ma nuque, donne-toi à moi tout entier, je veux t’effacer des autres et t’écrire en moi. Je veux que tu fermes les yeux et que le monde entier se vide de leurs présences, je veux que tu aimes, au-delà même de l’amour, je veux que tu souffres de moi, je veux que ton sang brûle de ma présence, que tes membres se figent dans mon absence. Je veux que tu aimes, que tu souffres, et plus encore, je veux que tu approches ce que je peux ressentir pour toi.

Lianna Devyn Carter-Fitch, si peu de lettres pour tant de maux. Il l’avait rencontré un soir au Queen et sans qu’il ne sache pourquoi, elle lui avait tout de suite tapé dans l’œil. Son visage d’enfant, ses courbes parfaitement scandaleuses et sa grâce démesurée, c’est ce qui l’avait marqué. Il ne l’avait jamais vu avant ce soir-là, mais rapidement, elle devint le centre de son monde étriqué. Il voulait l’avoir, pas l’avoir comme une de ses filles qui abandonnait le matin venu non, il voulait qu’elle lui appartienne, il voulait l’avoir, lui appartenir aussi. Incohérent pour le personnage qu’est Yolhàn, oui, très certainement pourtant, ce n’était pas quelque chose de contrôlable, croyez moi. Durant trois mois, il lui couru après, oui lui, le connard de première. Et, un jour, il l’eut. A partir de ce moment là, de nombreuses choses changèrent dans la vie de Yolhàn. Elle le complétait, elle lui faisait croire en la possibilité du véritable bonheur dans cette putain de vie. Il n’allait pas voir ailleurs, ses nuits de débauches sulfureuses s’était atténuée. Durant neuf mois, ils vécurent une relation stable et passionnée et peu à peu, il était parvenu à gagner la confiance de Devy. Mais, malheureusement, un jour où l’autre nos démons finissent par nous rattraper, et cela, il me semble que Yolhàn l’avait oublié. C’était soir d’hiver, au Queen, Yolhàn avait trop bu et une fille, un de ses filles qui lui collent aux basques depuis des mois danser frénétiquement contre lui. Cette nuit-là, il la termina avec c’te fille, dans une chambre d’hôtel du tout Paris. La nouvelle s’était rependue comme une trainée de poudre et le lendemain, Devyn était déjà au courant. « t’es la pire chose qui m’soit arrivée dans la vie. », voici à quoi ressemblaient les derniers mots de Devyn adressé à Yolhàn. Il avait tout détruit, elle était partie, il est resté. Seul, avec ses démons.

Dis-moi, hurle-moi que tu n’aimes plus, fais-moi mal, crucifie-moi à ma passion naïve, ose me le dire, que j’ai eu tort, que tu ne m’as jamais aimé, fais mourir cette part de moi qui t’a voulue. Dis quelque chose ! Non, ne te contente pas de partir, de fermer les yeux, de vouloir rester dans les demi-tons, non, ne dis pas la vérité, pas cette vérité de la personne blessée à qui j’en ai trop demandé. Tue-moi ! Fais mourir cette part de moi qui croit encore en l’absolu. Je souffre d’avoir un morceau de moi encore en toi, rends-le moi. J’ai effacé ma vie pour toi, j’ai écrasé l’amour d’un revers de la main, je l’ai ridiculisé, ce petit sentiment étriqué. Je t’ai appartenu. Je me suis épanoui dans la propriété. Pire, j’en ai tiré une jouissance démesurée.

Six mois. Six mois d’absence, six mois de silence. Six mois de souffrance, d’errance. Une longue et lente descente en enfer. Yolhàn l’avait perdu et par la même occasion, avait tout perdu. Depuis ce fameux jour des aveux il y a six mois, Devyn ne lui avait plus adressé la parole, elle n’avait plus donné de signes de vie, et devait tout faire pour l’éviter puisqu’il ne l’apercevait que très rarement. Il était, perdu. Elle lui manquait, terriblement, un manque déchirant, violent. Il ne savait plus quoi faire, puisqu’elle ne lui répondait plus, puisqu’elle ne voulait plus de lui dans sa vie, il n’avait plus qu’à errer. A replonger.

Oui, il fut un temps où je pouvais sentir le cœur du Monde battre au creux de ma main. Mais en ce temps, le Monde m’importait peu.