J’ai 11 ans. J’ai 11 ans et les gens pensent que je suis stupide et que je comprends rien. C’est faux, je suis intelligente, c’est que maman me disait sans arrêt avant aujourd’hui… Aujourd’hui : le dernier jour que j’ai pour profiter de sa présence. Évidemment, sa présence est extrêmement réduite, mais elle est là. Je la sens tout autour de moi et ça m’enivre à chaque fois, exactement comme celle de papa. Ils me manquent… Ils me manquent tellement. Pourtant, je sais maintenant qu’ils reviendront pas, parce qu’ils peuvent pas, ils peuvent plus. « Lianna, viens ma chérie, c’est l’heure… » Ma tante Sienna pense qu’elle sait tout, de tout le monde, tout le temps. Elle pense que les gens la croient supérieure à eux alors que justement, ils s’en foutent. Elle pourrait disparaître demain et personne en aurait rien à foutre, rien du tout, pas même moi. Tante Sienna, c’est malheureusement la femme chez qui on doit aller vivre, Jay et moi, parce que nos parents sont décédés depuis une semaine et que les membres de leur famille respective se sont volatilisés je ne sais où y’a des années. En fait, tante Sienna c’est pas ma tante, juste celle qui servait de meilleure amie à ma mère, de marraine à moi et à partir de cet instant, la tutrice légale des deux ‘bijoux’ de nos parents. Pf, la vie est injuste, et j’aurais voulu les garder encore un peu, juste un peu… Je me retourne vers ma petite sœur qui a pas vraiment l’air de piger quoi que ce soit. Elle a 9 ans, la pauvre. Elle peut pas vraiment comprendre, mais je sais qu’elle tente de faire de son mieux pour être forte. Plus forte que moi qui n’ai pas arrêté de pleurer depuis la seconde où j’ai appris que notre famille était décomposée. « Jay… » Elle relève la tête et me regarde. Ses yeux sont rouges et bouffis, probablement comme les miens. Je tends la main et elle la prend sans hésitation. Je serre mes doigts contre les siens et prends une grande respiration avant d’entrer dans la salle… Je hais cette salle, parce qu’elle me fait réaliser que la seconde actuelle est vraie, que Julian Carter et Dianna Fitch-Carter sont morts dans ce putain d’accident et que je vais devoir changer mes habitudes, ma maison, ma vie… J’ai le cœur brisé en tellement de morceaux que je sais pas par où commencer quand on me demande si je tiens le coup. J’répondrai presque « Bah ouais j’pète le feu tu vois j’verrais plus jamais mes parents et ils auront jamais la chance de connaître les enfants que j’aurais dans le futur. Tu sais, ça me fait aussi plaisir parce que comme ça j’aurais jamais à emmerder ma mère avec le fait que j’aie besoin de ses conseils. » Bordel quoi ces questions à la con. J’me suis jamais sentie aussi perdue. En onze ans de vie, on vit bien des trucs parfois, mais là c’est le comble et tel que j’me connais, je m’en remettrai jamais…

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Tout change quand les années passent, on tente de se refaire une vie normale et on tente de passer à autre chose. C’est dur, mais avec beaucoup de détermination on y arrive et ça nous aide à devenir une personne meilleure. J’aurais voulu que ma conscience comprenne qu’il fallait qu’elle laisse aller mes parents, parce qu’encore aujourd’hui, à 17 ans, j’comprends pas pourquoi c’est à moi que c’est arrivé. J’connais tellement de gens qui auraient mérité pire à cause de leur méchanceté viscérale. À ce que j’sache, j’ai jamais vraiment fait grand-chose à quelqu’un, et j’étais plutôt sage comme enfant. C’était ma sœur la démone, celle qui avait l’air angélique et qui faisait n’importe quoi. Je la suivais souvent, trop souvent, et c’était pour la surveiller que je disais, mais c’est faux. J’aimais bien le danger, et j’aimais savoir que j’avais quelqu’un qui m’était cher à mes côtés pour mes conneries d’adolescente écervelée. « Merde tu m’gaves fuck va t’en ! » John, cet enfoiré qui se croit tout permis. Je l’ai rencontré quand j’ai déménagé ici avec les meilleurs amis de nos parents. J’avoue avoir eu beaucoup de mal à m’intégrer en premier, mais c’est passé. Après cinq ans dans un pays on commence grave à s’y faire. « Arrête… Tu peux pas vivre sans moi, avoue-le. » Il a raison, mais jamais j’m’abaisserai à lui faire comprendre que j’ai besoin de quelqu’un pour que mon esprit arrête se de balader partout. « Non, j’ai nullement besoin d’un connard comme toi, bordel… » Il fait une drôle de moue et je le frappe sur l’épaule. J’suis pas crédible, il finit par se marrer et je le suis dans son mouvement. Qu’est-ce que j’ferais pas pour lui ? Ça me fait peur parfois, et j’crois bien que mon envie de le faire planer réside du fait que j’aie peur de le perdre, comme j’ai perdu mes parents. J’aime pas perdre les gens de vue, ça me fait toujours un effet horrible et j’déteste être impuissante à une situation que j’pourrais peut-être fixer. John se pose devant moi et ouvre ses bras, je sais ce que ça veut dire, mais j’ai pas envie de m’y adonner. Ça a beau être qu’un câlin de rien du tout, j’trouve dangereux de trop me rapprocher de lui parce que j’veux pas qu’il fasse ce que je redoute. J’passe à côté et il me prend par le bras. « Tu vas pas me tuer parce que j’veux te prendre dans mes bras, si ? » J’me retourne vers lui, lançant un regard sec. « Joue pas à ça avec moi John… » J’baisse la tête et il m’attire vers lui. Putain, non, pitié… « Je joue à rien… T’as pas le droit de me repousser à cause de tu sais quoi. J’disparaitrai pas du jour au lendemain, Carter. » Je m’en fiche, je veux pas. Tu finiras quand même par me briser le cœur, je le sais, je le sens. « C’est pas à cause de ça… » Oui ça l’est, et de toute façon, pourquoi tu voudrais te caser avec moi ? La relation purement platonique qu’on a depuis 5 ans te suffit pas ? J’ai vraiment le don de me foutre les pieds dans les plats. John remonte ma tête de sa main libre et me force à poser mon regard dans le sien. J’ai tellement de mal, parce que j’peux pas… J’veux pas. J’pourrais pas m’en remettre si lui aussi disparaît et me laisse derrière. Il se rapproche et pose sa tête dans mon cou, y déposant des tas de baisers jusqu’à temps qu’il arrive à la commissure de mes lèvres. J’ai envie de le pousser, et je tente de le faire mais il est plus fort que moi, du coup ma tentative échoue lamentablement. « John, j’t’en prie… » J’ferme les yeux, me laissant bercer par l’ambiance presque douce qui nous entoure. Il me fait balancer un peu, comme si on dansait et finit par tourner mon visage vers le sien. Il coupe complètement l’espace qui nous séparait et m’embrasse avec passion, détermination, et d’un coup, j’ai l’impression que tous mes soucis se sont volatilisés. Manque plus qu’à attendre à demain pour qu’ils reviennent me hanter et que j’me braque de nouveau sur moi-même. « J’te dirai pas les trois mots que tu veux pas entendre, mais tu sais que c’est ce que j’ressens à ton égard. » Je le regarde et hoche la tête. « Je sais… Moi aussi. » C’est fait, c’est dit, et maintenant quoi ?

On marche pour rentrer chez moi, sauf que John a l’air d’avoir d’autres plans, il m’emmène quelque part d’autre et c’est loin de me déranger. Tant que j’ai pas affaire avec Sienna. Il entrelace nos doigts en attendant et je me surprends plus ou moins à sourire. Il fait noir, il peut pas me voir. En fait, j’suis sûre qu’il avait prévu le coup depuis un bon moment, parce que quand on arrive on dirait que l’endroit a été personnalisé, comme je l’aime. Merde, je savais pas qu’il me connaissait tant que ça, ou même qu’il m’écoutait quand j’avais le courage de parler de ce que j’aimais. « T’es vraiment incroyable, tu sais… » Il me regarde et hoche la tête, tout sourire aux lèvres. Je sais pas pourquoi j’me suis laissée entraîner dans son truc, mais j’suis trop curieuse pour abandonner maintenant. J’aurai dû prévoir tout ce que j’ai vu et pourtant ça m’a surpris. J’ai réussi à penser à rien d’autre qu’à ça pendant des semaines. Même Jay a été surprise du fait que j’sois plus optimiste. Décidément, John m’étonnera toujours.

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C’est toujours quand on s’y attend le moins que des événements comme ceux-là nous tombent dessus. « John ? Jay est sortie pour aller à cette fête crade. Faut que tu m’aides à aller la sortir de là… J’veux pas qu’elle rentre amochée à la maison, Sienna va encore nous faire la peau. » Il m’assure qu’il va arriver en un rien de temps. Riant du fait que ma sœur ait détourné un autre règlement. J’y porte pas trop attention, je prends mes affaires en douce et je sors par ma fenêtre parce qu’à force d’habiter dans cette maison, j’ai trouvé toutes les manières possibles et inimaginables de sortir sans que Sienna me prenne en flag. Je la hais, cette personne, et je me demande sérieusement comment ma mère a fait pour l’endurer pendant toutes ces années. Pf, quand j’pense qu’elle a eu la chance de connaître ma mère avant moi et qu’elle refuse presque de m’en parler quand je lui pose des questions, j’suis dégoûtée. « Pourquoi elle aurait fait ça ? Elle t’avait pourtant promis de pas s’y pointer non ? » J’me retourne vers lui en roulant les yeux. « C’est Jayziah, je la connais comme le fond de ma poche. Il lui arrive de me mentir même si c’est rare. » On se met en route vers la fête en question. Jayziah Carter-Fitch va regretter de m’avoir caché ça… […] Sans vraiment regarder l’adresse de la maison, on sait qu’on est arrivés parce que y’a des gens qui courent partout et d’autres qui sont étalés sur le gazon à se prendre toutes les merdes que tout le monde jette autour d’eux. John prend ma main et la serre, puis on avance parmi la foule déchaînée. J’envoie un texto à Jay, histoire de savoir où elle est exactement. « Tu veux que Sienna t’étrangle ou quoi ? » dis-je, l’attrapant par le bras. « T’es une des seules personnes que j’ai au monde. Je t’interdis de te faire exterminer par la mégère qui nous sert de tutrice. » Je la prends dans mes bras et on se casse de cette fête. Les gens sont bizarres et j’suis plutôt contente que ma sœur soit désormais en sécurité avec nous.

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Aujourd’hui, je sais plus où j’en suis, ni avec moi-même, ni avec John… Jayziah est la seule relation stable que j’ai dans mon entourage. Mes amis me trouvent un peu plus renfermée qu’avant tandis que j’avais fait des efforts pour ne pas l’être tant que ça. M’ouais, je dis amis mais bon, c’est difficile d’en avoir quand on vit comme moi. Je sais pas comment m’exprimer quand j’ai envie de dire à John que je sais pas où on va et si ce serait pas mieux qu’on stoppe notre relation. Je l’aime, certes, et j’aurais jamais cru que j’pourrais être si ‘heureuse’ avec, mais on dirait que tout ralentit et je sais plus où donner de la tête. Il me dit sans arrêt qu’il pourrait pas vivre sans moi, et je lui réponds que ce serait trop dur à gérer s’il s’en allait, mais ça aide pas… Ça m’aide pas à savoir où j’en suis et certainement pas si j’veux que ce soit comme ça encore longtemps. J’ramasse un peu ma chambre avec que l’autre folle débarque et vienne me faire chier. Ensuite, j’prévois de passer la journée avec John, comme d’habitude. Peut-être que c’est ça… l’habitude. Peut-être que c’est ça la cause de mon détachement léger, mais présent, envers celui que j’aime. « Tu passes la journée avec John ou j’peux te voler aujourd’hui ? » J’me retourne en sursautant, Jay a le don d’me faire peur, et elle trouve ça drôle. « Première option. » « D’accord… Si tu te souviens que j’existe et que j’aimerais bien passer du temps avec toi, j’serai où tu sais… » On révèle jamais l’endroit où on se retrouve à personne, parce que c’est notre truc rien qu’à nous deux. John comprend pas, j’tente pas non plus de lui expliquer, j’veux garder ça secret. J’souris et elle s’éclipse. Je sais pas ce qu’elle va faire mais elle a toujours de quoi s’occuper. Ma sœur est spéciale et je l’échangerais pour rien au monde. Elle occupe une très – trop – grande partie de moi et les gens savent pas ce que j’serai capable de faire pour elle. J’la traite souvent comme un bébé et elle déteste ça, mais c’est plus fort que moi et avouons-le, si c’est pas moi qui le fais, ce sera quelqu’un d’autre. Bref, La journée passe étonnement vite, et le soir finit par tomber. Je sais pas pourquoi, j’ai juste l’impression que j’vais encore tout faire foirer. J’ai la poisse, c’est connu, et j’trouve ça vraiment malheureux que j’doive faire ça pour tenter de me remettre sur les rails. Je déteste devoir réfléchir à des mots blessants… À ceux que je pourrais utiliser pour dire à John que je veux plus qu’on… Merde quoi… Je suis plus capable de me donner complètement, parce que j’ai peur de tout et que dans le fond, je sais pas si je veux. « Tu connais l’étendue de mes sentiments envers toi, pas vrai ? » Il fronce les sourcils et hoche la tête. J’peux voir qu’il commence à être contrarié, et ça me fait peur. « Seulement… J’ai l’impression que ces temps-ci on tourne en rond, John… » « Je… » « Laisse-moi continuer… Par là, je veux dire qu’on a rien de nouveau à faire. Je veux dire qu’on s’enligne pour avoir l’air d’un vieux couple et que je veux pas de ça. Quand j’regarde Sienna avec son mari, j’ai envie de vomir parce que pour eux, la routine est là depuis tellement longtemps qu’ils se donnent même plus la peine d’essayer de changer quoi que ce soit. J’veux pas me dire dans deux ans que je t’aime mais que j’en ai marre de notre relation parce qu’elle bouge pas. Tu comprends ? » J’ai mal au cœur, mes jambes tremblent, mes lèvres suivent le mouvement. J’ai chaud, des frissons parcourent mon échine. Je suis nulle, tellement nulle… Il retire sa main d’entre les miennes et croise les bras. « J’croyais pourtant que… » « J’le croyais aussi. J’suis tellement désolée… » Les larmes que je retenais se donnent maintenant à cœur joie et coulent à flot sur mes joues. Je déteste faire du mal aux gens, parce que je veux pas qu’on m’en fasse. Là, je viens d’en faire à quelqu’un qui me tient énormément à cœur et je sais pas du tout comment gérer.

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Ce soir, on sort. Jay m’a carrément prise pour son pantin. Mes cheveux sont lisses, je porte une robe noire serrée et des talons. C’est pas vraiment mon genre, mais elle a insisté pour qu’on ait l’air bien. Puis l’argent de Sienna sert pas à rien. « Je peux t’offrir un verre ? » J’me retourne vers la voix. Eh… Impossible. J’ai l’air de rien et j’me fais aborder. J’viens de mettre fin à une relation avec quelqu’un dont j’suis amoureuse depuis des années. Je rêve ? J’comprendrai jamais la France. « Non. » Il rit, doucement. Il a pas compris que je voulais rien savoir ? J’continue d’écouter la musique au bar et me commande un verre moi-même. Les gens dansent, et pendant ce temps j’me fais bombarder de textos de John qui me demande si je vais bien. Non, John, je vais mal espèce de con. Je sais qu’il tente de me faire réaliser quelque chose, et je sais ce que c’est, mais putain pour une fois j’voudrais juste pas me soucier de ça. L’inconnu à côté de moi a pas l’air de vouloir lâcher l’affaire… « J’suis Yo… » « Je sais qui tu es, et ma réponse reste la même. » Eh oui, c’est le mec dont toutes les filles rêvent et qui terminent – pour beaucoup trop – la soirée/nuit dans son lit. Au petit matin, il détale et se laisse mourir dans la nature pour pas se faire trouver par ses prétendantes. J’suis pas particulièrement fan de c’genre de mec, ça me dégoûte plus qu’autre chose… M’enfin, je me lève, mon verre en main, et j’tente de trouver ma sœur. Je calle mon verre, en fait, j’ai besoin de me lâcher, j’veux pas rester dans cet état de post-rupture, pas ma tasse de thé. Sans que je m’y attende, il prend mon bras et me tire vers lui. M’entraînant vers la piste de danse. J’peux pas me sauver maintenant. On se colle et on danse toute la soirée jusqu’à ce que ma sœur me demande de rentrer parce qu’elle peut plus tenir et qu’elle trouve plus personne avec qui déconner. Étonnement, en dansant avec Yolhàn, j’en ai presqu’oublié le reste… Même John. « J’pourrais au moins savoir ton nom ? » Ma sœur se retourne et le regarde, soupirant. « Lianna. » Je lui souris et ma sœur me tire. On s’éclipse aussi rapidement qu’on est apparues.

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On est au parc de Bercy, il fait noir et j’avais vraiment besoin de prendre l’air. J’ai emmené Jay avec moi. John veut plus répondre à mes textos, mes appels, mes messages. Ça me brise le cœur chaque fois que je tombe sur sa messagerie et que je sais qu’il écoute ses messages sans me rappeler ou daigner répondre à mes textos. Il me hait, je le sais, mais j’y peux rien. Je sors mon portable et compose son numéro de nouveau avant de me faire interrompre par des bruits de pas. J’crois que c’est Jay mais quand j’me retourne j’vois quelqu’un d’autre… « DEVYN PUTAIN T’AURAIS DÛ VOIR CES… » Jayziah est loin, et j’me retourne et tombe sur… « Oh… » « Bonsoir. » Merde, Yolhàn. J’suis dévoilée… « Lianna, pas vrai ? » Vrai, mais faux. Enfin… Les deux ? « Premier prénom par lequel seule ma tutrice légale m’appelle. » Je rougis et baisse la tête. Il rit et s’en va… « C’est tout ? » « On se reverra, Devyn… »

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Impossible… Impossible. C’est pas croyable. Non, il m’aime. Il me l’a dit. Il m’aurait jamais fait un truc pareil, jamais. Pas Yolhàn, pas lui. John non plus, mais… Rah ! J’peux pas croire les sottises que les gens racontent rien que pour nous séparer. « Arrête tu me gonfles ! » « Mais je t’assure que c’est vrai, Devyn ! Regarde-moi… Regarde-moi ! Tout le monde le dit, tout le monde en parle. » « Fous-moi la paix ! » Je prends mes clefs et sors en trombe de mon bureau. J’ai besoin d’explications, et j’en ai besoin maintenant. Je me rends rapidement à la suite de l’hôtel où il vit et attends qu’il revienne. J’ai la clef, il m’en a donnée une copie quand il a fait des sous-entendus sur le fait qu’il voulait que je vienne habiter avec lui. J’suis pas encore prête, et puis ça fait pas encore un an qu’on est ensemble. J’ai besoin de plus, déjà que j’ai mis presqu’une année à lui faire entièrement confiance. Si c’est vrai… je fais quoi ? J’vais avoir l’air de la fille stupide et cocue. Celle qu’on avait prévenu et qui a fait à sa tête. Qui récolte maintenant ce qu’elle a semé, pourtant, j’ai rien semé du tout. Il arrive, il arrive. Je stresse, je sais plus me tenir. J’suis habillée avec mes habits de boulot et bon… Je le prends par le bras et le tire vers moi. L’embrassant tendrement. Je sais pas pourquoi j’ai fait ça, parce que… Parce que… parce que quoi ? Bon, l’heure de vérité a sonné. « Yolhàn… Dis-moi que c’est faux… Tout ce que les gens disent à ton sujet avec cette petite merdeuse… » En ce moment, tout contact est coupé entre nous. il est à moins d’un mettre et mon cœur bat à tout rompre. « Devyn, je t'aime, plus que tout et bien au de-là de ce qui est permis et oui, j'ai fait le con. Non, arrête, s'il te plait écoute moi, je regrette ce qu'il s'est passé, j'avais trop bu, et, comme tu l'as dit c'est une petite merdeuse, elle est tellement rien à côté de toi. Je t'en supplie, pardonne-moi Devy... » Je manque d’air. Je manque d’air et je sais pas comment tenter de respirer de nouveau. Mon Dieu, mon Dieu... Il tente de prendre ma main, mais je recule d’un grand pas. « Tu… Tu m’as… Avec… Mais… » Le souffle extrêmement court, je sais pas comment réagir. Colère, rage, tristesse. Une explosion d’émotions est entrain d’avoir lieu dans ma tête et dans mon cœur. « NON… NON ! T’AVAIS PAS LE DROIT DE ME FAIRE ÇA. PAS À MOI ! T’AVAIS PAS LE DROIT D’ALLER VOIR AILLEURS BORDEL DE MERDE YOLHÀN ! COMMENT AS-TU OSÉ ? T’ES QU’UN ENFOIRÉ DE GOSSE DE RICHES QUI SE FOUT DE TOUT ET DE TOUT LE MONDE. J’AURAIS DÛ SAVOIR QUE MÊME MOI J’Y CHANGERAIS RIEN ! » Il a l’air désolé, mais il l’est pas autant que moi. « Devy, écoute-moi, s'il-te-plait. Ne dis pas ça, tu sais que c'est faux. J'aurais pas dû faire ce que j'ai fais, je sais, mais si tu savais, si seulement tu pouvais savoir à quel point je m'en veux. C'est pas une excuse, je sais, mais j'avais beaucoup trop bu et… Je t'en supplie, pardonne-moi Dev... » Et maintenant la vie retrouve son cours parce que monsieur m’a présenté ses excuses ? Il me prend pour qui là ! « Putain j’peux pas croire que tu m’aies fait ça. Après tout ce qu’on a vécu ! J’ai mis presqu’une année entière à te faire confiance et tu le sais ! » J’aime pas pleurer, j’trouve que quand ça arrive j’ai l’air vulnérable et c’est pas le cas. Mais là, je peux pas m’en empêcher. Il m’a tellement blessé… « On a pris tellement de temps à bâtir cette satanée relation et toi sur un coup de tête tu vas coucher avec la première venue. C’est pas avec ta tête que tu réfléchis, c’est avec le dessous de ta ceinture. J’savais que j’aurais dû me méfier de toi la fois où on s’est rencontré au Queen. Je savais que j’aurais dû prendre mes jambes à mon cou quand TU m’as demandé d’être dans une relation exclusive avec toi. FUCK YOU YOHLÀN ! » Je sors de la chambre presqu’en courant. Il retient mon bras et je me retourne… « T’es la pire chose qui m’soit arrivée dans la vie… » C’est faux, mais j’veux lui faire mal. J’veux qu’il comprenne Je tente de me défaire de son étreinte et une fois que c’est fait, j’enlève mes talons et me mets à courir en direction de la première sortie se trouvant sur mon chemin… J’aurais jamais cru souffrir autant, et pourtant… J’ai le cœur brisé encore aujourd’hui et je fais tout pour pas le montrer. Ma sœur et mon ex sont les seuls à vraiment savoir pourquoi j’ai tant changé aujourd’hui. Je travaille comme une forcenée, j’évite toutes les grandes soirées et surtout, je m’empêche de vivre. Tout ça depuis six mois, six mois… Les six pires moi de mon existence, après la mort de mes parents.