« J’ai souvent entendu dire que les amitiés, il fallait en prendre soin. Chercher la bonne, la perle rare et, une fois qu’on l’a dégoté, la chouchouter, l’entretenir. Si jamais on ne fait pas notre possible pour la garder belle, pure, elle ternit. Si elle ternit, ça veut dire que tout est fini pour cette amitié. J’ai eu beau faire cela avec celle qui nous unissait, Elizabeth et moi, ça n’a pas tenu. Mais ça, je ne le sais pas encore. » ______________________________________ Maggie

Comme chaque matin, c’est le soleil qui réveilla, doucement, miss Pons-Escoffier. Sa chaleur qui vint caresser le visage de Maggie la fit doucement sourire. Un sourire pur, le premier de la journée. Un sourire innocent et légèrement enfantin. Un de ceux qui font craquer n’importe qui. Un des atouts de la demoiselle, d’ailleurs. Alors qu’elle était sur le point de se rendormir, profitant du fait que l’on soit un lundi et que le magazine n’ait pas besoin d’elle ce jour de la semaine pour récupérer son sommeil, son chien, un braque de Weimar, prénommé Durden, comme le personnage de Brad Pitt dans Fight Club, lui sauta dessus, lui appuyant sur le ventre, et lui écrasant un sein. Cependant, comme elle était de bonne humeur, ce qui étais le cas depuis pas mal de temps d’ailleurs, elle décida de lui dire calmement de descendre. De toutes façons, il comprenait mieux ainsi. Contrainte et forcée, elle se leva enfin. Après avoir défait les draps de sur son corps, elle s’assit sur le rebord de son lit et saisit le Blackberry qui se trouvait sur la table de chevet pour vérifier ses messages et ses emails. RAS. A la fois soulagée et légèrement vexée - elle aimait recevoir des messages la nuit pour les lire le matin - elle se mit debout sur ses jambes et, du haut de son mètre soixante-neuf, elle contempla la pièce. Tout était parfaitement rangé, comme d’habitude. Maggie n’aimait pas le désordre. Dans le coin, vers la porte, à l’autre bout de la chambre, se trouvait une armoire en bois qu’elle avait hérité de sa grand-mère décédée. Là dedans, elle entreposait ses paires de chaussures, ses chandails et ses pantalons/short. A l’opposé, c’était sa coiffeuse qui prônait avec tous ses ustensiles de beautés. Elle sourit de nouveau, sans trop savoir pourquoi. Juste comme ça. Puis, elle se dirigea vers la salle de bain.

Une fois habillée - une robe beige et une veste kaki -, coiffée d’une simple queue de cheval tirée en arrière et maquillée tout simplement, elle sortit de la salle de bain. Dès qu’elle passa la porte, Maggie entendit son portable vibrer sur son lit encore défait. Elle haussa les épaules, se dirigea vers la cuisine, prit un bol, des céréales, et retourna dans sa chambre. C’est alors qu’elle alla vers son lit, se laissant tomber dedans, et qu’elle prit l’objet entre ses mains. Elle vit qu’elle avait reçu un sms d’Elizabeth. Elle s’empressa de l’ouvrir : « Eh, Mag.. Je peux passer? J’ai un truc à te dire. ». Le message la laissa perplexe. Après avoir réfléchi quelques instants durant, elle répondit enfin qu’il n’y avait pas de problèmes, qu’elle l’attendait. Puis, elle se remit à manger.

Voilà une heure et demi qu’elle avait répondu à Eli, sans nouvelles. Il était désormais onze heure, et Maggie était assise en tailleur sur son lit entrain d’écouter de la musique grâce à sa playlist deezer et de naviguer de site en site à travers l’univers de la mode pour dénicher les dernières nouveautés et avancé sur son article. Vogue n’attends pas, après tout. En fond sonore, c’était You give me somet hing de James Morrison qui passait, et la demoiselle ne pouvait s’empêcher de chantonner. Alors, quelque un sonna à la porte et elle réagit au quart de tour. A peine trente secondes plus tard, elle ouvrait la porte et accueillait son amie, l’invitant à entrer. « ça à pas l’air d’aller, Eli.. Qu’est-ce qui se passe? ». Elle était comme ça, Maggie. Toujours à s’inquiéter pour les autres..

 « Je dois te dire quelque chose d‘important.. Mais.. Mais je suis pas sûre que tu le digèrera bien.. On peut aller s’asseoir s’il te plait? » Les paroles d’Elizabeth laissèrent Maggie perplexe. Elle ne savait pas vraiment comment elle devait réagir à cela, si il fallait qu’elle ai peur, qu’elle fuit, qu’elle regrette de lui avoir dit qu’elle pouvait passer. « Euh eh bien.. Vas-y, avance jusque la cuisine.. Madeleine n’est pas là, on est que toutes les deux. Enfin.. Trois, avec Durden. ». Cela pouvait paraître étrange, mais Maggie considérait vraiment son chien comme un être humain, comme s’il était son meilleur ami. C’est sûrement le seul qui n’ira jamais voir ailleurs.. Bref. Les deux jeunes femmes se dirigèrent vers la cuisine pour discuter. La jeune Pons-Escoffier ne savait toujours pas à quoi elle devait s’attendre. Que pouvait-elle ne pas digérer, après tout? Eli n’était pas au courant pour ce que ressentait réellement Maggie envers Maxime car même la principale intéressée l’ignorait. Elle ne savait pas non plus pour Jean-Etienne.. Bref, tout cela était étrange. Très étrange, même. Mais elle ne dit rien, et s’assit au bar de la cuisine, attendant les explications de sa cadette. Elle continua :  « D’abord Maggie je voudrais m’excuser réellement pour ce que je vais te dire hein! C’est vrai! Parce qu’aujourd’hui c’est plus pareil! … Je ne pensais pas qu’en venant te voir je découvrirais une fille comme toi.. Je pensais que tu étais une belle garce.. Alors que tu es une fille géniale, Mag’ .. Et je regrette tellement » Là, Maggie resta bouche bée. Certes, elle avait l’habitude d’être traitée de garce par les gens qui ne la connaissait pas, mais là il s’agissait tout de même d’Elizabeth! Elle lui faisait confiance, et elle pensait depuis le début que leur amitié était réciproque. Elle, elle avait tout fait pour entretenir leur relation, pour qu’elle reste au beau fixe, alors que la Simons, elle, ne pensait rien de tout ça. Certes, ce n’était que lorsqu’elles se sont connues, mais tout de même! « Abrège, Elizabeth, et viens en au fait. Pourquoi est-ce que je suis une belle garce, alors?  » Rah, ce qu’elle était bornée, la Maggie! Elle ne comprenait qu’à moitié les choses. Ou plutôt, elle ne comprenait que ce qu’elle voulait bien comprendre. Rien de plus. Et là, c’est sa fierté, son égo qui en a pris un coup. Sans compter qu’elle était blessée. Mais elle ne dit rien de plus, et attendit, une fois de plus, qu’Eli vide son sac, elle qui s’était relevée. « Maggie.. Au départ quand je suis venue te voir c’était juste pour me venger du fait que tu ais couché avec mon ex petit ami.. Je voulais juste me rapprocher de toi par vengeance.. Mais tu es tellement adorable.. Je ne m’attendais pas à ça.. Et puis ce con est parti de toute façon. Maggie je te promet qu’aujourd’hui ce n’est plus pareil.. J’ai même oublié ma vengeance depuis longtemps.. Je suis désolée vraiment désolée ». Maggie resta de marbre. Du moins en apparence. Elle ne savait pas quoi répondre à ça et pourtant, elle avait déjà été trahie. Oui, car ça, pour elle, s’était tout comme une trahison. Jamais elle n’aurait pensé une telle chose lorsqu’elle vit la petite blonde emménager à côté de chez elle. Non, elle pensait vraiment que tout était sincère entre elles. Mais ce fut la preuve qu’elle pouvait bien se tromper.. D’un geste rapide, Pons-Escoffier se leva et se mit à marcher en direction de sa fenêtre puis regarda les voitures passer tout en réfléchissant. Puis d’une voix froide, elle demanda : « Pourquoi? Pourquoi tu me dis ça maintenant, là? Non, en vérité, je ne veux pas le savoir. » Elle se retourna les larmes aux yeux. « Sors, s’il te plait. Sors de chez moi..  »