aaron & jude.

Allez, plus que quelques minutes et je serais délivrée de cette salle où la chaleur nous prenait à la gorge. Je voyais les minutes défilées sur la pendule de la salle, lentement. Trop lentement. On aurait dit qu'elles faisaient une éternité et non pas soixante secondes. C'est toujours comme ça dans les moments où l'on attend quelque chose. On a l'impression que quelqu'un s'amuse à jouer avec l'heure. Sauf que ce n'est pas réellement amusant. C'était l'une des rares fois où je souhaitais vraiment la fin du cours, car je ne déteste pas tant que ça l'université, mais avec la chaleur et les vacances qui arrivaient, les devoirs des profs par dessus la tête, comme si l'on en avait déjà pas assez, j'étouffais. Trop, c'est trop. La sonnerie que l'on attendait tous retentit enfin ; et même avec sa mélodie désagréable, on n'attendait que ça à présent. Je rangea en hâte mes affaires dans mon sac, et sortis précipitamment de la salle. Je revivais, enfin de l'air. Je sortis d'un bon pas de l'université et au lieu de rentrer chez moi comme à mon habitude, je décida de prendre quelques instants pour marcher sur l'avenue des Champs-Élysées, pour me changer les idées. Beaucoup d'étudiants étaient présents, se promenant sur l'avenue ou se posant sur un banc. J'essayais de ne pas penser au boulot qui m'attendait, mais plutôt à mes vacances. Mes réflexions furent de courtes durées car, plongée dans mes pensées, je ne regardais pas vraiment où j'allais. Et apparemment, la personne en face de moi non plus. Je la bouscula légèrement et me retourna pour m'excuser. « Je suis vraiment désolée, je... » Je m'interrompis brusquement, me rendant compte alors que la personne relevait les yeux, que cette personne ne m'était pas inconnue. Cheveux châtains, pas trop courts, des fossettes que l'on reconnaitrait entre milles, des yeux bleus profonds, une personne un peu plus grande que moi. Aaron. Alors que j'essayais de me convaincre que c'était bien lui, pleins de souvenirs me revinrent en tête. Notre rencontre à Milan, les moments inoubliables quand on était gamins. C'était un ami d'enfance assez proche et à qui je tenais beaucoup, que j'avais perdu de vue après mon troisième voyage pendant des vacances, à Milan. Je n'y étais pas retournée après ça, et je ne me doutais pas une seconde qu'il avait pu revenir sur Paris. Même si on avait gardé contact, je ne me souviens pas d'une conversation sur nos études. Mais là, le plus important était que je venais de tomber dessus, par pur hasard, et que je venais de le retrouver. Un sourire s'installa instinctivement sur mon visage, j'étais heureuse de le revoir. Un ami comme ça ne s'oublie pas, surtout comme lui. « A..Aaron ? » J'espèrais juste qu'il m'avait reconnue, et pas oubliée...