Cléothilde Victoire Angélique de Prusse, tout un programme. Si je n’ai pas l’air enthousiaste c’est normal mais c’est la première et dernière fois que vous m’entendrez me plaindre. Je possède la double nationalité française par ma mère qui m’a prénommée Cléothilde dans un élan d’inspiration discutable, quand à mon père à en juger seulement par mes cheveux blonds et mes grands yeux bleu associé à un nom de famille sans équivoque, il est Allemand. Pour la partie historique, je suis l’arrière petite fille du dernier empereur de Prusse. Ce que ça m’apporte en 2010 ? Le confort matériel d’avoir grandit dans un hotel particulier du 8ème arrondissement de Paris. En dehors de cela au final, pas grand chose. Je participe de loin aux festivité mondaine, préférant le calme du cocon familial pour assoir ma réputation de petite fille sage qui fait ses devoirs en rentrant du Lycée et qui pratique le violon 8 heures par jours depuis l’age de 4 ans. Plus que mon nom de famille, c’est mon don pour la musique qui est une bénédiction.
Certes privilégiée, je peux dire que j’ai eu une petite enfance et une enfance tout à fait normale. A 8 ans Je n’avais pas fait 15 fois le tour du monde en classe affaire, mine de rien je dirais même que j’ai très peu voyagé puisque je ne suis jamais sortie d’Europe et mon parcours de globe trotteuse se résume à l’Allemagne, l’Angleterre, l’Espagne, l’Italie et et la Grèce. Je suis allé à la maternelle, à l’école primaire et au Lycée dans des instituts privés mixtes mais il faut savoir que si ces établissements se veulent réservés à une certaine élite, il n’y a pas que des «fils et filles de». Allez savoir comment ils sont arrivés là, il n’empêche que tout mes amis de l’époque appartenaient à des familles tout à fait modeste et je n’ai jamais décliné une seule invitation d’anniversaire qu’elle ai lieu dans un château de province ou dans un appartement de 90 mètres carrés. Je suis ensuite entrée au conservatoire de Paris et mes heures étaient partagées entre le cursus scolaire et les heures de pratique musicale. Autant dire finalement, que contrairement à ce que l’on peux attendre d’une fille comme moi, je n’ai pas la vie sociale la plus excitante.
Pourtant, évidemment, il n’y a pas une seule invitation à une soirée qui n’ai pas trouvé son chemin jusqu’à ma boite au lettre, mais il est bien rare que je décide de m’y rendre parce qu’au final, quand il s’agit de teuf a proprement parler, les gens qui s’y trouvent ne sont que de simple connaissances, parce qu’on se connait tous, sans pour autant être amis. Et ca casse du sucre sur votre dos, ca vous taille des réputations digne d’un costume marc jacobs. J’ignore personnellement ce qu’on peux raconter sur moi, mais j’imagine sans peine que ce ne doit pas être glorieux. Je dois passer pour une fille ennuyeuse je suis certaine.
A l’age ou ceux de ma générations expérimentent les joies de l’argent et du pouvoir dans la fête, l’alcool, les drogues et le sexe, je passe mon année scolaire enfermée à travailler pour mon bac littéraire et mon instrument, je passe mes vacances scolaire au lac de Come en Italie ou ma famille possède une résidence, et entre les deux on peux de temps en temps apercevoir ma crinière dorée déambuler avenue Montaigne quand il s’agit de renouveler ma garder robe parce qu’il faut le dire, je ne me met pas n’importe quoi sur le dos non plus. Quand je ne suis pas discrètement en train de faire du shopping je déjeune, peut être en tête à tête avec une amie, au Flandrin, ou les curieux iront racontés qu’il y ont vu la Princesse de Prusse, ce qui on en conviens ne veux plus absolument rien dire, ou tout simplement au musée du Louvre, assise à lire un livre sur les Bancs du jardin des Tuileries, ou encore assise au troquet d’un quartier Parisien obscur en face de son église, juste pour entendre les cloches sonner à midi.
Je suis une fille simple ? C’est tout le contraire: je suis une fille compliquée. Quand on à le nom et les moyens, la vie pourrait être simple mais elle ne l’est pas. Parce-que rien ne saurait acheter ce qui moi, personnellement, me comble ne serais-ce que le talent ou des amis avec qui on peux partir passer un weekend dans le village le plus paumé de France et s’inviter à un mariage quand on y a même pas été invité. Je crois que je suis en pleine crise identitaire. Quand on apprécie les choses simples, on aimerait certainement être madame ou monsieur tout le monde, et pas une faible excuse héréditaire de grandeur en voie d’extinction. Est-ce que je suis française, est-ce que je suis allemande ? Est-ce que je suis vraiment quelqu’un ou est-ce que je n’ai pas plus de valeur que monsieur Dupont, chauffeur routier ? Je me pose trop de questions, ma mère s’inquiète. Elle est fière de ma réussite scolaire, mais elle voudrais me voir m’amuser, que je me trouve un petit ami. « c’est normal de sortir à ton age» mais maman, je sors «je ne te parle pas de sortir au cinéma, regarde tu as reçu une invitation à la soirée de machin là, tu veux pas y aller je suis sure que ce sera plein de...» de quoi ? De bouteille, de drogue, de catins du 16ème sur leur échasses siglées YSL ? J’avoue ca à l’air d’être tout plein de fun.
J’ai promis de faire des efforts. Sortir un peu, ce n’est pas ça qui m’empêchera de devenir première violoniste un jour. Je sors mon téléphone de ma poche, un vieux Nokia de 4 ans en arrière et a mesure que défilent les noms de mon répertoire je prend mesure de l’ampleur de la tache: tout Paris est répertorier dans mon téléphone, je suis Cléothilde de Prusse et je n’ai personne avec qui sortir, mais si j’en appelle un ou une au hasard je suis sure du résultat. Le téléphone sonne:
«allo ?»
«salut ma belle c’est Cléo de Prusse comment tu vas ?»
«...heu. bah super bien et toi, ouah j’avais pas de nouvelles je commençais à me faire du souci»
je n'en doute pas une seule seconde....effectivement je ne t’ai jamais donné de nouvelles parce que dans le fond, on se connait pas vraiment.
«dis moi t’as vu la dernière paire d’YSL ? il me la faut absolument ca te dit une virée shopping».
Voila. Je plonge parmi les requins et je prie pour le salue de mon âme. J’enlève la carte SIM de mon téléphone que je jette dans la poubelle, j’ouvre un tiroir pour sortir l’iPhone 3Gs que mon père m’a offert pour une occasion inventée de la but de me faire plaisir. J’éjecte le disque de ma chaine pour laisser la radio passer en boucle David Guetta. Je me regarde dans le miroir et je me demande ce que je vais porter pour mon retour sur le devant de la scène. Je part à la recherche de ce que je suis sencé être, au lieu de courir après ce que je veux être en tournant le dos à mon violon pour lui préférer la perspective d'une après midi en compagnie de quelqu'un que je ne connait absolument pas et que je n'apprécierais peut être pas, à faire les boutiques du 16ème . Et je sais déjà que ca vas mal finir.
C'était l'année dernière. Depuis ce fameux coup de téléphone je n'ai pas retouché mon violon en dehors des heures au Conservatoire qui menace de me renvoyer si je ne fait pas plus d'efforts. Mes professeurs ne comprennent pas et me tiennent la grappe pendant des heures alors que je fourni les efforts necessaire à l'école dans le but justement qu'on me fiche la paix. Mes anciens amis ne comprennent pas pourquoi je ne les appellent plus et je croise leur mine dépitée lorsque par pur hasard on se croise et que je fait mine de ne pas les connaitre alors que je les connais pour la plupart depuis la maternelle. Mes parents ne comprennent pas pourquoi je disparait le weekend et que je rentre dans un état qui pourrait laisser croire que j'ai passé 48 heures dans une free party limite à se demander si je ne me suis pas prostituée. Les seuls qui comprennent, ce sont mes nouveaux amis. Pour eux, je suis la Cléo de Prusse que je suis sencé être: de toutes les fêtes et de tout les excès. Ca fait un an, et je suis fatiguée. Chasser le naturel et il reviens au galop. Le problème c'est qu'avec mes conneries, je ne suis plus tout à fait sure d'avoir encore une place là d'où je viens réellement. Je suis en train de m'assoir entre deux chaises.
Je suis dans mon lit, il ne doit pas être loin d'une heure de l'après midi et je dois me réveiller parce-que mon réveil l'a décider pour moi. Le radio réveil en fait, et Kid Cudi qui chante que les trucs de malade mental qu'il peux bien foutre pendant qu'il fait la teuf resterons gravés dans sa mémoire comme les meilleurs souvenirs de son existence. Je suis sceptique...parce-que moi par exemple, je n'ai aucun souvenir de la nuit précédente. J'évalue la magnitude de mon mal de crâne de 0 à 10 sur l'échelle de Richter et comme j'estime un bon 8 je prend le verre d'eau qui traine sur ma table de nuit et avale 2 grammes de paracétamol sous forme de 4 cachets de 500. Le réveil à sonné, c'est forcément que je dois me tirer des draps pour faire quelque chose d'important.
J'ai attrapé mon iPhone et parcouru rapidement les messages reçus depuis la veille dont un provenant d'un numéro inconnu. Un mec, qui me traite de pute pour avoir refusé de coucher avec lui la veille...salope je veux bien, mais pute c'est quand même un comble. Je laisse les messages et passe directement à l'agenda. Et merde, le rendez-vous au conservatoire. Je saute littéralement du lit pour enfiler quelque chose et je sais que je n'aurais pas le temps de prendre une douche. Je vais sentir la clope et l'alcool à mon entretient avec le directeur. Et pourquoi je suis convoquée ? Pour discuter de mon renvoi potentiel. Parce que j'ai passé trop de temps à danser sur les tables, trop peu à jouer sur mon instrument. Si je suis renvoyée, ma vie tombe en ruine. Et tout ca pour gagner quoi ?