[size=24]L'enfance trouve son paradis dans l'instant. Elle ne demande pas du bonheur. Elle est le bonheur.

L'enfance. Pour moi un moment de joie, de bonheur constant, l'age où on réfléchie à rien, ou on agit un point c'est tout. On ne veut pas s'occuper de l'avenir, on ne veut même pas le connaître, on ne desire qu'une chose : profiter du moment présent et ne pas se poser trop de question. Chose qu'on fait. On dessine, on s'amuse, on s'invente un ami imaginaire, on rit tout le temps, on aime l'école, on aime s'instruire. On aime la vie. On ne connait que la joie, et notre plus grande tristesse c'est de casser la mine de notre crayon. On regarde des dessins animés et on se dit qu'elle est belle notre vie, qu'on deviendra une espionne comme les totally spies ou un aventurier à la Diego. Foutaise tout ça. Mais à cet age on ne le sait pas. Moi je le savais, j'étais une dès rares malheureuse et mature. Une enfant intelligente, rusée et manipulatrice. Une enfant détruite, avec une histoire comme dans les films. Une enfant qui ne connait pas le plaisir de dessiner, qui ne regarde jamais la télévision. Moi j'étais la fille ainée d'un père prisonnier de guerre, et d'une mère qui s'est échappé de notre pays en quête d'un monde nouveau ; la France. Je ne viens pas de cette petite cité dans le soixante-sept, moi je viens du bled comme on dit de nos jours. Mais je ne suis pas comme les jeunes de mon quartier, moi je ne veux pas finir dealeur de drogue ou avoir une sale vie, être critiqué à cause de mes origines. Ici les israeliens c'est mal vu, là bas il y a souvent des guerres entre les pays d'à coté, et on passe pour des ennemis de la France, pour des "sales races". Ma ville c'est Tel-Aviv, mon coeur il est à Tel-Aviv, mais pour ne pas être critiqué, je me dis portuguaise. C'est ma mère qui m'a conseillé. Et je l'ai écouté. Et mon père je l'ai jamais revu, je sais pas ce qu'il est devenu, il a du mourir, comme tout les prisonniers. Quand on a quitté le pays, j'avais sept ans. J'ai une soeur jumelle, Yasmina, mais ici en France c'est Josephine. J'ai deux petits frères, Fabien et Jules. On est plutôt pauvres, mais on est une famille unie, et pour rien au monde je la changerais. Ou peut-être pour avoir un père. Je sais pas ca me manque un peu, enfin j'en sais rien, j'ai jamais vraiment vécu avec lui. Constance, comme toujours un résultat plus que satisfaisant. Continue ainsi et tu iras loin dans la vie. 18,5. Un sourire satisfait se colla sur mon visage. Je n'allais pas le nier, le fait que cette note me rendait heureuse, et que ça remarque me donnait du courage. Surtout que c'est difficile quand tu viens d'une cité, que tu as pas beaucoup d'espoir de reussir, mais quand tu dois travailler après le collège pour subvenir aux besoins de ta famille, le bac c'est simplement impossible. Merci madame ... Repondis-je, supprimant le sourire que j'avais juste avant. C'est bien beau de rêver, mais ca ne me fera pas avancer, je sais à quoi je suis destinée, et je ne vais pas laisser Joséphine travailler toute seule. Dans la famille on est solidaire. Mais je ne voulais pas de cette vie qui n'étais la mienne. Je ne voulais pas travailller, je voulais continuer mes études et reussir là où personne dans ma famille n'a reussi. Avoir un bac, puis aller à l'université et avoir un travai. Un rêve, le mien ; un rêve qui en restera toujours un. Je sais qu'à tout jamais je le regrêterais, je le sais, mais je n'ai pas le choix, j'y suis obligée, malheuresement. J'ai juste envie de fuir, et de devenir quelqu'un, de ne plus être Constance Dos Santos, celle que je ne suis même pas. Je suis Néhama Sorkin, israelienne, juif et en réalité tellement seule.

On passe tellement de temps à regretter ce qu'on a fait qu'il est bien inutile de se donner la peine de regretter ce qu'on n'a pas fait...

Le jour se lève, j'ouvre délicatement les yeux. Il fait nuit dans la chambre, mais on peut apperçevoir quelque rayon du soleil à travers le volet et les rideaux rouges. Je sors de mon lit, m'installant sur le bord, la tête entre mes mains, pensive. J'ai mal à la tête, je ne me souviens plus de rien, et d'un coup, tout me revient. Le bien et le mal, le chagrin et la joie, la vraie vie et nos rêves. Je sais tout, malheuresement. J'aurais voulu ne plus rien savoir, je n'en peux plus, c'est un cauchemard, un enfer, comment puis-je sortir de là ? En me reveillant. Déjà fait. Je ne sais plus quoi faire, quoi penser, l'aimer, ou pas ? Ca doit être le pire dans cette histoire c'est que je l'aime, je suis raide dingue de lui, de cet homme que je croyais different, gentil, sensible, romantique. Je suis tombée sous le charme de ce beau parleur, sous ces beaux yeux, son corp d'athlète, ses pensées phylosophiques. Il était l'homme parfait, l'homme qui me faisait rêver. J'ai été aveugle, je n'ai pas su voir que derrière l'homme parfait se cacher un monstre. Le mot est peu être un peu fort, j'ai tendance à exagerer les choses, mais je vis tout à ça tellement mal. J'y vais. Mon regard se posa sur un beau brun en costume noir ne me regardant même pas. Il longea le couloir et claqua la porte après lui sans le faire exprès. Il ne me regardait plus, ne me parlait plus, ne m'embrassait plus. Et en plus de ça, je suis sure qu'il me trompe. Tout ça est de ma faute après tout, c'est moi qui l'est trompé la première. Avec ce belle inconu, alors que j'avais bu des verres de trop. C'est impardonnable je le sais, mais j'ai beau m'être excusé un millième de fois, ca ne change rien. Il ne veut plus rien savoir de moi. Mais il ne demande pas le divorce pour autant. Je ne comprend pas vraiment pourquoi. Peut-être a t-il encore des sentiments pour moi malgré cette histoire. J'ai encore un peu d'espoir, l'espoir de tout arranger entre nous, qu'on soit comme avant, avant que je le trompe, qu'il m'ignore et me frappe quand je lui demande qu'on en discute. Le passé me manque, il me manque, cet homme, le mien. Deux ans de bonheur, pour une de malheur. Je ne vais pas tenir longtemps ainsi, trop c'est trop, si il ne tient plus à moi qu'on divorce. Je ne sais plus quoi faire, je suis perdu ...